– Salut, Piero. Tu tombes bien, j’ai reçu mon nouveau canapé. Je chauffe le grand écran ?
– Michelin, déconne pas. Je peux passer ?
– OK, mon Piero. Tu as de la chance: y a du bon leben tout frais dans le frigo, de la menthe et du thé ; t’as pas de chance, il reste juste quatre Kaab el ghzal.
– T’inquiète, ça le fera.
*
– Salut, Piero… Oh! qu’est-ce qui t’arrive ?
– Je viens de recevoir une lettre d’Achraf.
– Y va pas ?
Cher Piero
tu te rappelles, je venais d’avoir 20ans. Je sortais de l’École de Police Impériale de Grobujot City lorsque l’empire de Shima – fort de ses intérêts économiques pérennes et convergents avec ceux de la famille Grobujot – confia la délicate gestion de Zone-Franche à Maréchal-Alexandre Grobujot, arrière-petit-fils de Maréchal-Hippolyte-Marie-Renée.
20ans plus tard, par un jour de décembre bien lugubre tant le habūb était enragé, je fus appelé au «Glass Bubble», au dernier étage de l’Imperial Tower, siège du Bureau des Archives et du Renseignement Offensif (BARO) à Grobujot.
Le commissaire Juan-Miguel Betua – Ô brillant esprit tant juste qu’éminent, guidez-nous, telle Polaris dans les cieux de l’Arahas! – m’annonça ma nomination en tant qu’inspecteur principal au BARO, spécialisé en intelligence économique et stratégique, renseignement et investigation.
Le commissaire Juan-Miguel Betua – Qu’en son amour infini, Dieu le protège! – avait perçu que j’avais toutes les compétences requises afin d’analyser, aussi finement et équitablement que possible, tout document numérique, texte, audio et vidéo, enregistré sur le territoire des Salines de Grobujot:la cité, la friche industrielle adjointe, la rive droite de L’épine, le Chemin des Outardes, la zone frontalière de Zone-Franche Sud, contestée par l’émirat de Shamardadj.
Il m’a fallu optimiser mes connaissances en outils d’intervention: hacking, localisation d’IP, d’adresses mails, origine de photos numériques, analyse d’images satellites et drones, traque de cibles par liens de détection, surveillance de conversations téléphoniques, infection de smartphones, balises GPS, brouillage de réseaux, détection et pose de micros, clonage de disques durs et cryptographie.
Il m’a fallu maîtriser et évaluer, le plus précisément possible, la dimension psychologique de la mise en application – en situation réelle, sur des cibles consentantes ou non – de techniques de planque, de filature, de manipulation, de corruption, d’accusation pour affaires de mœurs, et bien d’autres choses totalement inadmissibles dans un monde humain et bienveillant dont nous présageons la venue en nos rêves les plus intimes, violés sans vergogne par les détecteurs de nos mensonges et de nos arrangements putrides avec les convenances séculaires qui ordonnent nos comportements criminels.
20 années d’apprentissage + 27 années au BARO! Total: 47 années de bons et loyaux services! L’an passé, j’ai pris la décision, solidaire, de transmettre des informations complémentaires aux travaux d’Éléonore Engels, sociologue, enseignante au département des études de genre de l’université impériale de Klapas dont je t’ai envoyé l’article «Amantine Lucile de Bonacqueil, l’empire et le transgenrisme», paru dans Les Cahiers de sociologie du département études de genre à l’université impériale de Klapas. Depuis, Éléonore Engels a décédé. Peut-être n’en as-tu pas entendu parler; l’information n’a pas franchi la sphère gouvernementale et universitaire de Grobujot.
Peut-être ne le sais-tu pas, mais Éléonore Engels était une lointaine cousine de Amantine Lucile de Bonacqueil, cousine de Leopoldt II, arrière-arrière-grand-père de Laponéon IV, empereur de Shima – béni soit-il, et son règne, glorieux.
Ma e-notoriété s’est envolée au BARO: mon nom est entré dans les multiples dossiers, fichiers et listes d’Ennemis de l’empire et de Traîtres à l’empire. Piero, Noël Achraf Ducouloux, c’est plus le mec qu’il faut avoir pour ami en ce moment.
Par chance – diraient les envieux – par nécessité contestable de garder secrètes quelques épouvantables révélations – dirais-je pudiquement – je bénéficie encore à l’Imperial Tower, d’une notoriété un peu particulière qui me vaut le respect des uns et l’incertaine impunité que les autres m’accordent, en conscience que tout attentat à ma vie pourrait leur être également fatal.
Je n’oublie combien la vie est précaire; c’est pourquoi, par solidarité et qu’elles que soient les circonstances, j’aurais honte de moi-même que de mourir sans rendre publiques toutes les conclusions de l’enquête concernant le meurtre d’Éléonore Engels, car il s’agit bien d’un meurtre et d’un crime d’état.
Il se peut que je n’y parvienne. Je te prie, par avance, de m’en excuser.
Avec toutes mes amitiés, mon vieux Piero. Tu te rappelles ? À l’Arlequin, quand nous écoutions Nadjejdja au juke-box ? Et que, comme tout le monde, tu t’imaginais déjà la prendre dans tes bras. L’amour… ah l’amour…
Depuis plus d’un an maintenant, nous travaillons en partenariat avec l’association « L’amitié Beauce, Perche et Thymerais » qui édite tous les trimestres la revue « La Gazette ».
Cette revue vient de recevoir l’agrément préfectoral « Jeunesse - éducation populaire locale » qui découle des 22 années d’activité associative générée par l’association.
Cet échange très riche, nous permet de profiter de 6 pages à l’intérieur de cette revue pour y transmettre nos informations et notre point de vue sur l’art, la poésie et la philosophie.
et vous permettra de découvrir votre région ainsi qu’une grande partie de ses acteurs dans des échanges plein d’humanité.
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