Graphiste, photographe à mon compte depuis 1974, j’ai commencé à travailler pour le journal « L’Action Républicaine » en 1975, je n’y étais pas salarié, mais je facturais mes prestations. Rue Doguereau à Dreux, au siège du journal, j’ai commencé à tirer les photos des rédacteurs les soirs de veilles de chaque parution. Quelques temps après, il m’était proposé de faire la pige pour le journal, et puis finalement quelques temps après je m’occupais aussi de la photogravure, à savoir confectionner les « similis » des photos et la réalisation des films pour l’imprimerie.
Rue Doguereau, dans les petits préfabriqués installés dans la cour de l’immeuble étaient fabriqués différents supports dont en premier « L’action Républicaine » deux fois par semaine, le mardi et le jeudi « La Liberté de la Vallée de la Seine » le lundi et « Dreux Annonces » le jeudi.
Accoutumé au process de fabrication d’un journal, de l’écriture, de la photocomposition, du montage et de la photogravure, j’eu l’idée de créer moi même un journal en m’inspirant de « Dreux Annonces » journal gratuit de petites annonces diffusé à l’époque sur Dreux et ses environs.
Le problème était de trouver un endroit où ce genre de support gratuit n’existait pas. Il en existait déjà un à Chartres et il fallait donc trouver carrément une autre région.
Ma famille du côté maternel est originaire du Jura et nous y allions fréquemment en vacances, chez la tante ! Durant les grandes vacances de 1975, j’en profitais donc d’être à Lons-le-Saunier pour étudier les parutions de presse.
Après enquête, il n’existait aucun hebdomadaire gratuit sur la ville et ses environs.
La voie était libre, et la fougue de mes 24 ans me donna des ailes ! C’est vrai que cela aurait été pratique car avec ma tante cela me faisait une résidence sur place. Et puis dans l’hypothèse où le support se développe correctement, cela aurait été agréable pour moi et ma famille de déménager dans cette région que j’ai toujours aimée.
De retour de vacances, j’entrepris l’analyse plus précise de mon projet, sachant que je n’avais aucun moyen financier pour lancer l’opération !
On l’appelera « Lons Hebdo »
Dans un premier temps, il me fallait créer une maquette en blanc et le numéro « Zéro ». Ce numéro, permettrait d’aller sur place pour démarcher les commerçants et artisans afin qu’ils achètent de l’espace publicitaire. Ceci permettrait de financer la fabrication, l’impression et la distribution du journal.
On l’appellera « Lons Hebdo », il fera 8 pages au format tabloïd (Approximativement A3). Ce sera un journal de petites annonces, aussi bien achat, vente, emploi et toutes offres. Ces annonces seront gratuites. Il y aura aussi quelques rubriques comme l’horoscope, des recettes de cuisine, une bande dessinée, des mots-croisés et aussi des publireportages.
Une petite entreprise
La planification prévoyait qu’avec un ami, nous irions prospecter pour récupérer la pub, ma femme devait s’occuper des recettes de cuisine, Evelyne, la compagne de mon ami, nous préparerait l’horoscope et les mots croisés, et Stéphanie ma fille (4 ans à l’époque) nous ferait un beau dessin ! C’est ainsi que débuta cette petite entreprise !
Dans un premier temps, je m’activais à produire ce numéro Zéro avec a création du titre et le graphisme général, et des petites annonces pour la maquette, puisées dans le « Dreux Annonces ».
Pour la photocomposition, c’était mon ami Pierre-Edouard Prins qui avait ouvert son atelier à côté de Senonches qui s’en occuperait. Pour la photogravure, j’avais à cette époque récupérer un banc de reproduction Agfa Repromaster 2024 et une développeuse « Rapidoprint » pour faire les films.
Dans tous les cas, faire le premier numéro d’un journal est assez simple, par contre, pouvoir le continuer en suivant le rythme des parutions n’est pas toujours évident. C’est pourquoi, nous avions pris de l’avance pour les articles, les recettes et les horoscopes. Chaque semaine, j’avais prévu de changer la couleur d’accompagnement et la photo qui se trouve sous le titre.
La maquette du numéro zéro bien propre et réalisée avec des « Copyproofs » était enfin prête, il fallait aller la présenter sur place à nos futurs clients. Et déterminés, nous voilà partis à l’assaut de Lons-le-Saunier !
L’accueil auprès des commerçants était très bon et certains nous ont même réservé de l’espace pour le premier numéro. Un parfumeur, un magasin de jouets, un soldeur et un garage pour une page complète de publireportage ont signé ! C’était bien pour un début, sachant que nous avions d’autres contacts pour les prochains numéros.
Au fil de des rendez-vous, je suis tombé sur un jeune dessinateur de bande dessinée Mathieu Laville, il ne devait pas avoir plus de 15 ans mais déjà plein de talent. Il me donna son accord pour la diffusion de sa série « Polycarpe » dans le journal, son style était vraiment super. J’en profitais pour lui demander s’il était partant pour réaliser dans son style une nouvelle BD avec un héros dont je lui fournirai la photo pour qu’il puisse travailler dessus (voir ma photo de Séraphin dans l’encadré de Mathieu Laville).