Où commence et s’arrête le pouvoir d’un homme ? Faut-il avoir confiance dans la démocratie, et peut-elle être suffisamment forte pour parer toute prise de pouvoir par un dictateur ? La dissuasion atomique est-elle encore une arme de défense efficace face à la multiplication des états la possédant ? Beaucoup de questions auxquelles il est bien difficile de répondre !
Intro du Café Philo «Pensées Perchées» du Circonflexe du 20/05/2022
Capacité ou possibilité de faire, de percevoir, le pouvoir est généralement un phénomène relationnel impliquant l'autorité, à l'exception, peut-être, de celui que l'on exerce sur soi-même.
Le passage à l'acte du pouvoir exercé par une instance peut impliquer de la violence. Violence que l'on subit déjà de par la dimension dissymétrique d'une forme d'obéissance souhaitée par celui qui commande. A priori, tout pouvoir devrait se trouver limité par le degré de consentement de celui qui s'y soumet; l'abus de pouvoir commençant dès que l'autre se sentira forcé.
Les philosophes et théoriciens modernes mettent au cœur de leurs problématiques la question du pouvoir et de la légitimité de celui qui l'exerce. De par le droit, des règles sont établies qui permettent l'adhésion des parties contractantes.
Il n'existe aucun pouvoir qui ne connaisse contestation. Dès que la contrainte semble imposée, la règle est discutée. Le pouvoir peut être vertical ou bien horizontal. Certains philosophes préfèrent en effet un pouvoir partagé dans l'expérience collective. L'espace public, dans une concertation idéale, devrait privilégier l'action selon la capacité de faire, sans être empêché ni inquiété.
Car tout ce qui actionne la peur limite notre capacité de faire.
A l'échelle individuelle, nous aurons le pouvoir de faire ce que notre réalité nous impose. Dans les limites de la physique, notre corps, notre esprit, nos sens, définissent le cadre des possibles.
Mais notre pouvoir sur les autres dépendra du respect de l'indépendance de chacun. Un pouvoir qu'exercerait notre ego sans servir l'intérêt général nous mettrait très vite en situation de conflit.
Le pouvoir du peuple que tente d'incarner la démocratie fait incessamment débat, tant l'époque et la conscience de soi distinguent de multiples façons ce que sera l'aliénation ou bien le contrat social.
Un rapport de force est toujours tentant qui remplace une dictature bourgeoise par une dictature prolétaire, par exemple. Mais dans un monde complexe prenant en considération un respect mutuel qui condamne le crime et la violence, on préférera le contrôle du pouvoir par un jeu d'alternances.
Le judiciaire, le législatif et l'exécutif, dans une société saine, préservent un périmètre respecté. Les contre pouvoirs médiatiques et sociétaux s'ajoutent aux oppositions parlementaires, quelque soit la forme aboutie du système démocratique, pour permettre de meilleures représentativités et une réduction de l'arbitraire toujours possible.
Mais aucun pouvoir ne peut s'exercer sans une relation de confiance. Ceux vers lesquels nous déléguons notre pouvoir de citoyen doivent faire autorité sans jamais paraître autoritaires. Aucune société ne demeure soudée sans ce minimum de délégation possible de par les compétences, pour prises de décision et actions à mener. Partons du constat que nous ne sommes pas tous en capacité des mêmes choses, mais que l'évolution humaine provient de la mise en commun des savoirs de chacun, pour le bénéfice de tous. C'est cela faire société et se projeter dans l'avenir.
L'intuition de Montesquieu était que l'évolution naturelle des systèmes politiques est de concentrer les pouvoirs. Ainsi, il nous faut sans cesse réinventer la séparation et la répartition de ces différents pouvoirs. Après les médias, le net et les réseaux sociaux offrent aux citoyens des possibilités nouvelles d'interventions individuelles dans le débat public; même si le flux des informations se heurte au flux des désinformations, des manipulations. On peut ainsi, tout en croyant contester le pouvoir, tomber entre les griffes d'autres intérêts, eux-même en quête de pouvoir. Mais si le phénomène est ici démultiplié, l'Histoire des sociétés humaines regorge de discours plus ou moins fondés, bien souvent mensongers, que l'avidité du pouvoir à préserver, à s'octroyer, à usurper, à faire tomber, à exercer sur les autres… ouvre au grand art de la duperie.
On peut donc se sentir prisonnier d'un pouvoir exercé par la tutelle d'un parent, d'un enseignant, d'un dirigeant, car notre liberté est limitée par des nécessités sociales et ce phénomène relationnel imposant sur nous contraintes et obligations.
Mais notre esprit critique n'est-il pas là pour nous faire douter toujours à bon escient? Pour éviter les pièges et faire des choix conscients, même parfois contraignants, pourvu que le pouvoir de la raison dépasse le pouvoir destructeur de l'impulsion?... Un Pouvoir sur soi-même, en somme ?
Les épisodes précédents : Sur Lumus, suite à l’assassinat de son ami Achraf, inspecteur au BARO de Grobujot City, Piero est exilé dans l’émirat de Shamârdadj et correspond mensuellement avec les terriens de l’Ego du Moi(s). Et les terriennes.
Je vous salue en ce week-end de l’Ascension et que, bientôt, des profondeurs vertigineuses de nos cieux, l’Esprit s’adressera à nous en toutes les langues de l’univers; que par ces encouragements universalistes, il nous incite à reconsidérer notre accoutumance aux pires excès des tyrannies qui nous gouvernent!
Le document suivant est répertorié par les archives du BARO sous le code ODT_MeM_NAD_SzFire (originellement inclus dans le répertoire /mem/zf/notes/odt/, volume 872ae7d7-4c42-40aa-9fda-8371c801bc53, disque ST1000LM024 HN-M de l’ordinateur 1 saisi lors de la perquisition au domicile d’Achraf, après son assassinat par la brigade YaJaJesus). Achraf y relate l’incendie de SZF (Salines de Zone Franche) durant l’année 1389. Le calendrier de Lumus présente un décalage de 633 années d’avec le calendrier terrestre.
« Le conseil d’administration de SZF décida d’arrêter toute production sur le site des Salines; sous la surveillance constante et passive des forces de police, les ouvriers et les ouvrières proclamèrent une grève illégale et occupèrent la coopérative durant deux semaines. Les réserves d’eau et de nourriture atteignirent un niveau critique.
« Durant cette quinzaine, Marechal-Alexandre Grobujot, gouverneur de Zone-Franche, ne changea pas ses habitudes, mais il s’accorda un temps de réflexion méditative; il fit tourner les tables et invoqua son arrière-grand-père, Marechal-Hippolyte-Marie-Renée Grobujot, fondateur des milices de La Grise et héros de l’épopée coloniale; il s’y distingua par sa fermeté de caractère lors d’âpres et rudes combats menés contre la population de l’émirat de Shamârdadj.
« Au matin du quinzième jour de grève, une seconde troupe encercla la coopérative ouvrière; une troisième, en exercice, canonna le bâtiment de la direction.
« Au seizième jour, les canons furent dirigés sur le bâtiment administratif.
« Au dix-septième jour, machines, hangars et docks furent détruits par un gigantesque incendie méthodiquement entretenu par les Ninjas (l’équivalent de vos CRS) et des troupes supplémentaires assistées par les pompiers de Grobujot City.
« Au petit matin du dix-huitième jour, un épais brouillard orangé, plus dense que le pire des habūb (un vent particulier au désert de l’Arahas) s’éleva sur le champ de bataille; dans un solennel silence troublé par quelques feux d’artifice obstinés, les forces de police, les troupes, les Ninjas et les pompiers formèrent une haie d’honneur devant le portail de la coopérative. Le commandant des pompiers invita femmes et enfants à sortir, en file et en se tenant par la main.
« Au bout d’une heure, après une assemblée des grévistes encore valides, une vingtaine de femmes et quelques enfants sortirent.
« À la fin d’une seconde heure, le commandant des pompiers ordonna la sortie des hommes, un par un, les mains en l’air. Dans un enchaînement de faits, toujours actuellement non documentés, s’ensuivit une fusillade.
« L’Empire adressa un communiqué à la presse internationale dans lequel il déplore le décès de dix ouvriers et d’un commandant des pompiers durant l’opération d’évacuation de SZF totalement détruite à la suite d’un incendie accidentel dont les causes seraient la surchauffe intempestive du circuit électrique des haut-parleurs durant l’annonce de la fermeture définitive de l’usine. Une expertise est en cours.
«Les pères respectifs de Sjiznek – le guitariste du groupe Sjiznek & Lou Lady BigKok – et de Nadjejdja, la petite cousine d’Achraf – furent au nombre des victimes. Sjiznek et Nadjejdja venaient de fêter leur dix-septième anniversaire.
« Gravement blessé à la jambe droite, le père de Lou fut amputé par Djibril, un chirurgien shamârdadjî réputé qui avait dû émigrer à Grobujot City après avoir tenu des propos dissidents au sujet de la circoncision, de la chasteté avant le mariage, de l’existence du clitoris et du dogme de la binarité absolue des genres.
« Djibril est très estimé aux Salines. L’Empire n’approuve ni sa présence, ni ses points de vue pernicieux, mais ferme les yeux car aucun praticien formé par l’école de médecine de Shima n’a envie d’ouvrir un cabinet dans cette zone misérable. L’obligation de réserve imposée à Djibril, sans dérogation possible sous peine d’expulsion, est garante de toute velléité subversive qui n’a, de toute façon aucune raison d’être», car, conclut Achraf, «contrairement à l’émirat, l’empire n’est pas un état rétrograde et féodal».
Bien sûr, il n’en pensait pas un mot. À la prochaine, chères et chers.
Depuis plus d’un an maintenant, nous travaillons en partenariat avec l’association « L’amitié Beauce, Perche et Thymerais » qui édite tous les trimestres la revue « La Gazette ».
Cette revue vient de recevoir l’agrément préfectoral « Jeunesse - éducation populaire locale » qui découle des 22 années d’activité associative générée par l’association.
Cet échange très riche, nous permet de profiter de 6 pages à l’intérieur de cette revue pour y transmettre nos informations et notre point de vue sur l’art, la poésie et la philosophie.
et vous permettra de découvrir votre région ainsi qu’une grande partie de ses acteurs dans des échanges plein d’humanité.
Cette newsletter est une production de l’Aréopage - Les Indépendants du Perche ©2022
Toute reproduction même partielle est interdite sauf accord des auteurs
V01 modifiée le 30 mai 2022
Google Analytics est un service d'analyse Web fourni par Google. Google utilise les données recueillies pour suivre et examiner l'utilisation de ce site, préparer des rapports sur ses activités et les partager avec d'autres services Google.
Google peut utiliser les données recueillies pour contextualiser et personnaliser les annonces de son propre réseau de publicité.