Non, ceci n’est ni une pipe ni une blague ! 

Certes, à la fin du dix-neuvième siècle la seconde révolution industrielle, amorcée dans les années 1850, s’appuyait largement sur l’utilisation de l’électricité comme source d’énergie. Mais ce magnifique outil de désinformation qu’est la télévision, et qui a fait de Cyril Hanouna le héros adulé par toute une génération de grands penseurs, n’existait pas encore, et il a fallu attendre un peu plus d’un demi-siècle pour que Dieu, dans sa grande générosité, nous y donne enfin accès !

Pourtant le principe était là : la synthèse additive ! En effet, la juxtaposition sur une toile de points de couleurs, plutôt que leur superposition, fait qu’il n’y a plus d’absorption des longueurs d’onde ! Elles sont cette fois réfléchies, et c’est la lumière qui recrée les couleurs. Et c’est précisément sur ce principe que fonctionnent les écrans d’hier et d’aujourd’hui : le système RVB fait de point lumineux dont le dosage proportionnel restitue à la fois tous les paramètres des couleurs : tonalité, clarté, saturation ! Alors bravo Seurat, Signac, et consorts ! 

Maintenant, on peut toujours se poser la question : Si la télé était arrivée à cette époque, que ce serait-il passé ? Spéculons un peu : On aurait vu Degas commenter le derby d’Epsom et l’arrivée du quinté plus, Van Gogh jouer Chewbacca dans « la guerre des étoiles », Cézanne produirait « des racines et des ailes », tandis que Picasso aurait tourné dans « l’ile de la tentation » … ! Et plus tard Pierre Soulages aurait interdit la télé couleur ! 

Finalement, on l’a échappé belle !

Clément plus que Mareau, 

Marot nous l'avait dit,

Tout vient à point à qui

Sait attendre... en gros.

Patience étant la science

Des nuances de gris,

Pigments et coloris

Posés, en l'occurence.

Quand savant tu seras,

Seurat, pinceau petit

Colorant par coulis,

Par touches tu peindras.

Souffrance et vigilance

Portent toujours leurs fruits,

Tissent leur toile sans bruit,

Mais avec élégance.

Tel un cygne sur le lac,

Signac couvre de pluie

Lumineuse ce qui fuie

Du poil par brèves flaques. 

Une immense expérience,

Plein de coups de folie

Aux mélanges abolis,

Aux floutages d'ambiance.

Intuition des pixels,

Numériques outils

De la photo depuis,

Cette technique est de celle

Qui tira les ficelles

Des savoirs d'aujourd'hui,

De l'optique qui s'en suit,

Les mystères qu'elle recèle.

Pointillisme pointilleux

Aux cieux, tout autant luit 

Et picotent la nuit

Des pointes qui brillent, qu'il pleut.

Par Anne Coussinet

L’œuvre humaine

Par Philippe Govin